samedi 24 mars 2012

Le soleil

La venue du printemps chasse les peines
La venue du beau temps mérite les mots
Le soleil est là brillant de nouveau
Le soleil est là nous offrant son poème
Le long du vieux faubourg, où pendent aux masures
Les persiennes, abri des secrètes luxures,
Quand le soleil cruel frappe à traits redoublés
Sur la ville et les champs, sur les toits et les blés,
Je vais m’exercer seul à ma fantasque escrime,
Flairant dans tous les coins les hasards de la rime,
Trébuchant sur les mots comme sur les pavés,
Heurtant parfois des vers depuis longtemps rêvés.
Ce père nourricier, ennemi des chloroses,
Eveille dans les champs les vers comme les roses ;
Il fait s’évaporer les soucis vers le ciel,
Et remplit les cerveaux et les ruches de miel.
C’est lui qui rajeunit les porteurs de béquilles
Et les rend gais et doux comme des jeunes filles,
Et commande aux moissons de croître et de mûrir
Dans le coeur immortel qui toujours veut fleurir !
Quand, ainsi qu’un poète, il descend dans les villes,
Il ennoblit le sort des choses les plus viles,
Et s’introduit en roi, sans bruit et sans valets,
Dans tous les hôpitaux et dans tous les palais.
Charles Baudelaire, Les fleurs du mal

1 commentaire:

  1. martine de Brièresamedi, 09 mars, 2013

    La Poésie.

    Je dis qu'il faut être voyant, se faire voyant.
    Le poète se fait voyant pour un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens.Toutes les formes d'amour, de souffrance, de folie; il cherche lui-même, il épuise en lui tous les poisons pour n'en garder que les quintessences.

    Rimbaud.

    Un poète doit laisser les traces de son passage, non des preuves. Seules les traces font rêver. René Char

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