C’est drôle comme vieillir est un processus progressif qui s’impose à soi comme une fatalité. On se surprend à accepter des maux parce qu’ils sont reconnus et répandus dans une tranche d’âge. Ils s’installent là pour ne plus nous quitter comme des vieux amis qui désormais ne nous laisseront plus jamais seul. Je ne sais plus qui disait « A partir de 50 ans, si on se réveille sans avoir mal nulle part c’est qu’on est mort », belle consolation !
Je n’allume pas, je tâtonne jusqu’à la cuisine, je connais le parcours par-cœur, il est semé d’embûches mais même eux je les connais et sais les éviter, enjamber le coin du lit, ouvrir la porte discrètement sans se heurter à la guitare posée là contre la commode.
Je m’isole dans la cuisine, mon havre de paix du matin. Là un rituel ponctuel se déroule méthodiquement, mon moment à moi qui me permet de bien me réveiller et de me préparer avant de partir travailler. Assise toujours face à la fenêtre, face au paysage urbain, ces centaines de points lumineux posés sur un tapis noir ne sont que les lampadaires et autres lumières de la ville qui tranchent avec le ciel encore très sombre à cette heure là. Parfois même le Stade de France brille de tous ses feux, signe qu’un match ou qu’une manifestation quelconque s’est déroulé la veille. Il est là, majestueux, surplombant le reste de la ville, il m’accueille, orgueilleux et condescendant semblant me dire « redresse toi, allez, réveille toi !». C’est un paysage tranquille, endormi encore pour deux, trois heures. Cette sérénité éphémère me plait, me console de ce réveil avancé, elle s’offre à moi, un cadeau pour mieux affronter le tumulte de la journée qui m’attend.
Jus de pamplemousse, thé et café, tartines de confiture et France-Inter avec Serge LEVAILLANT qui finit sa nuit en me racontant une histoire ; C’est mon petit instant de bonheur et je me promets que cet après-midi j’irai sur internet pour écouter la totalité de son émission. Son récit m’émeut, me fait sourire, sa voix, son ton laconique m’accompagnent gentiment pour ce début de journée et je me dis que rien que pour ça déjà, ça vaut le coup de se lever tôt ; tiens mon dos me fait moins mal ! Merci monsieur Levaillant, je pars travailler en vous donnant rendez vous demain matin à la même heure ; Bonne journée !
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