vendredi 27 janvier 2012

Chez le coiffeur

Qu’est ce qui pousse donc les coiffeurs à disposer d’immenses miroirs sur leurs murs ? Quel sentiment pervers domine ces professionnels pour nous installer devant ces grandes glaces?
Et si vous regardez bien, aucune de ces boutiques n’y échappe, c’est un passage obligé, quelque soit votre envie, quelque soit la coupe, la mise en pli ou la couleur désirées, vous serez obligés de vous regarder en face. Impossible d’éviter ce regard malveillant, impudique et humiliant, que vous lance ce clone indésirable.
C’est, justement la réflexion que je me fais quand la jeune apprentie m’invite poliment à enfiler la blouse de nylon noir, signe d’appartenance au monde de la coiffure le temps d’une heure ou deux. Je n’ai plus le choix, je dois y aller. Assise dans un fauteuil noir face au mur, je peux, sans me retourner, observer d’autres victimes consentantes aux têtes maltraitées par des petites mains habiles et le temps d’un instant, me moquer intérieurement de certaines physionomies comiques.
Mon tour n’est pas loin, le grand rétroviseur m’annonce l’approche du bourreau, Josée, tout sourire me souhaite la bienvenue et me demande « on fait la même couleur que la dernière fois ? ».
Ma réponse est aimable et positive, je suis là pour changer de look et j’accepte de confier ma chevelure à la dextérité de Josée. Equipée de ses outils, gobelet, pinceaux et ciseaux, elle s’empresse de me faire ressembler à mes congénères du moment, le spectacle caricatural et inévitable réfrène rapidement la moquerie silencieuse que j’adressais précédemment aux autres clientes, le miroir me renvoie une image peu ragoûtante.
Josée ne semble pas s’émouvoir d’un tel spectacle, elle parle, elle raconte, elle a ce don qu’ont souvent les coiffeuses, de pouvoir parler de tout et de rien et de tenir de longues minutes sur un sujet qui semble artificiel mais qui permet, habilement, de créer le lien et de décomplexer le sujet que je suis.
C’est tout de même un comportement bien singulier que deux personnes discutant sans se faire face tout en se regardant dans les yeux! Mais cela ne surprend personne, bien au contraire c’est une façon bien naturelle de communiquer par miroirs interposés dans ce lieux somme toute, convivial.
Mon calvaire arrive à son terme, la personne qui me regarde n’est plus vraiment la même, elle semble rajeunie et ravigotée et sourit enfin à son image.
Il se dit souvent qu’il est bon d’aller chez le coiffeur pour se remonter le moral, le début de ce texte tenterait à faire penser le contraire mais réflexion faîte, je pense, en effet que cela donne de la bonne humeur et de l’optimisme.

1 commentaire:

  1. Quand c'est réussi oui ! Après quand on rentre à la maison et là on garde le sourire ou non. Si vous rentrez et que tout le monde vous dit bonjour... et c'est tout là ... c'est dur. Alors soit ils n'ont pas remarqué (dur aussi), ou vous êtes à contre jour (espoir), ou ils réfléchissent à ce qu'ils vont vous dire pour faire preuve de diplomatie. En fait le meilleur test c'est quand même avec les enfants : ils ne s'embarrassent pas de phrases inutiles eux. C'est soit :"Ouaaah !!!!tu t'es coupée les cheveux, t'es bien comme ça !!! (Ouf ...) " ou "Ah t'as coupé tes cheveux ... je t'aimais bien avant aussi ..." Cruauté et sincérité de ces chers petits. Après vous vous précipitez dans la salle de bain pour essayer de vous rassurer et là, soit vous trouvez plein de défauts à la coupe, ou vous vous persuadez que c'est la glace qui fait ça, ou alors finalement vous passez outre et vous décidez que finalement c'est pas mal et que ça vous donne un petit coup de jeune ! Prochain test avec les collègues ...

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